Espionnage de Facebook??

https://youtu.be/MxgaPzFcwCQ
OMG cette vidéo est effrayante ! Pensez vous que c’est vrai ? Je suis apolitique et je n’ai pas reçu spécialement de contenus politisé…
Mais c’est vrai que pour les autres sujets, j’ai l’impression que Facebook utilise mes informations pour me proposer des contenus… c’est normal ?

Moi je suis d’accord ! Je suis disons, très à droite… et FB me propose de rejoindre des groupes, et même si cela m’intéresse, je ne lui ai rien demandé ! En plus il a supprimé mon compte en moins de 24 heures et la même chose est arrivé à mon copain Gérard.

Oui, c’est normal, selon l’AFP, FB dit avoir supprimé 5.4 Milliards de faux comptes depuis le début de l’année. Ton compte et celui de ton amis devaient paraitre faux ou alors ils disposaient d’informations qui étaient trop orienté politiquement, si tu as adhéré à des contenus d’extrême droite par exemple.
De plus, des étudiants de SciencesPo ont mené une enquête à ce propos...
Voici les résultats qu’ils obtiennent:
- Sur 146 réponses, il y a 70% provenant d’étudiants de Sciences Po, par conséquent d’étudiants fortement politisés, 22 % d’étudiants à l’université, 8 % d’étudiants en prépa et le reste contient des étudiants provenant d’horizons très différents.
-Ces étudiants reçoivent de la part de Facebook des contenus qui concernent majoritairement la culture (63%), les voyages (56,8%) et la politique (43,8%). Ces résultats sont suivis par le sport (33.6%) et la beauté (34,2%).
-Parmi ces étudiants la grande majorité se défini comme étant à gauche en politique, 15.1 % se disent de gauche et 36.3 % se disent de centre gauche. Il est important de noter qu’aucun étudiant ne se revendique d’extrême droite. (hypothèses de pourquoi : en France il n’est pas bien vu d’être de l'extrême droite, de plus, les votants de l’extrême droite sont souvent agés et/ ou peu éduqués, ce qui n’est pas le cas de l’échantillon étudié par les élèves de SciencesPo).
-Les enquêtés ne reçoivent majoritairement pas de contenus de médias étrangers à 75.3 %. Cependant, 57.5% des enquêtés ont reçu des propositions en opposition avec ce que les individus “likent” et près de 40% ont reçu des propositions de médias en opposition avec leurs convictions politiques et/ou éthique.
Pour finir, la majorité a l’impression que facebook les enferme dans un schéma de pensée.

Bonjour, je rejoins le débat. J’ajouterais qu’en plus, certains articles académiques montrent que Facebook a participé à la propagation de contenus non vérifiés. Par exemple, lors de l'élection de Donald Trump en 2016, la Russie a fait passé des fakes news sur Facebook afin d’influencer la population et lors du jugement de Facebook à Washington, les députés se sont rendu compte que les contenus peuvent échapper à Facebook. Après ce scandale, Facebook a été obligé de supprimer et vérifier les contenus notamment à tendance terroriste. Il y a également eu un autre scandale concernant le Global Science Research, qui a récolté 50 Millions de profils et leurs informations et les a vendues à Cambridge Analitica en 2014 afin de pouvoir faire de la publicité ciblé à ses acteurs. Ce scandal a débouché sur une réglementation le 20 mars 2018. Une nouvelle mesure a donc été adoptée pour la diffusion de contenus politiques lors des élections aux Etats-Unis: “Concrètement, les acheteurs d'annonces politiques devront fournir à Facebook une adresse postale située aux Etats-Unis, à laquelle le réseau social enverra un courrier contenant un code permettant de valider l'achat, avant les prochaines élections.” selon Katie Harbath.
Mark Zuckerberg a ajouté à ce sujet: « Pour être authentifiées [ces annonces], les annonceurs devront confirmer leur identité et leur localisation ». Ces annonces seront marquées d'une étiquette « politique » une fois diffusées sur la plate-forme et une description précisera qui a payé pour ce contenu.” «Nous exigerons que les personnes qui gèrent des pages populaires soient également authentifiées », poursuit Mark Zuckerberg, en expliquant que cela rendra la tâche plus compliquée à ceux cherchant à «se développer de manière virale ou à répandre de la désinformation ».
Le but de cette nouvelle réglementation est d’éviter le scandal de 2016, bien que cela n’empêchera pas certains individus de vouloir essayer.

On ne connait pas grand chose des algorithmes de Facebook qui trient et proposent des contenus aux utilisateurs sur Facebook mais on sait qu’ils fonctionnent avec la somme de trois variables: le score d'affinité (le degré de "relation" entre vous et le contenu/la personne), le "poids" de l'action (par exemple, un commentaire vaut plus qu'un like) et le temps depuis que ce contenu a été publié. (http://edgerank.net/)
Cela à amener à parler de” bulles de filtres“.

Merci Einstein...

J'ai trouvé une vidéo drôle qui les explique:
https://vimeo.com/378104820

En fait, les bulles de filtre, c'est un concept qui a été inventé récemment par un spécialiste du sujet qui s'appelle Eli Pariser. Dans son Ted Talk, il explique avoir remarqué qu'il ne voyait plus les articles de ses amis conservateurs sur Facebook (lui-même étant libéral) parce que Facebook avait remarqué qu'il les consultait moins souvent, et il ne voyait donc que les contributions de ses amis avec les mêmes opinions politiques. Il explique ensuite que ce n'est pas seulement Facebook, mais aussi Google et plein d'autres entreprises qui "filtrent" ce que tu vois. Le contenu que l'on voir sur Internet est donc ce que les algorithmes pensent que l'on veut voir, mais pas forcément ce que l'on devrait voir si l'on voulait avoir une image complète ou non biaisée d'un sujet. C'est ça, la "bulle de filtre": le contenu qui nous est proposé par les algorithmes, sans que l'on décide ce qu'est ce contenu et sans que l'on sache ce qu'il y a en dehors de notre bulle de filtre.
Et ça, c'est dangereux parce que comme l'explique Cass R. Sunstein dans son livre "#Republic", le contenu que l'on voit influence nos choix, surtout politiques. Il cite par exemple une étude sur les élections américaines qui montre que si quelqu'un regardait la chaine conservatrice Fox News pendant une heure par semaine, la chance qu'il vote pour les Républicains augmentait de 3.6%. Avec les bulles de filtres sur Internet, il y a donc un très fort risque de polarisation politique encore plus grande.

Personnellement, je n’aime pas beaucoup lire et je comprends mieux les vidéos, mais sur Youtube, on ne parle pas trop de Facebook.
Sur Youtube les individus ne partagent pas des contenus dont ils savent qu’ils ne seront pas consultés. C’est le cas de Mr Ben, dans l’article:
(https://www.cairn.info/revue-politiques-de-communication-2014-2-page-125.htm)
« J’ai récemment découvert que Facebook n’était pas vraiment un endroit pour discuter de ces questions, politiques, philosophiques. Ça dépend beaucoup des personnes que l’on a sur Facebook. Généralement, les personnes que j’ai sur Facebook c’est des amis du lycée ou des amis actuels, des camarades. Généralement ils sont complètement désintéressés, ça les agace même de parler de certaines choses. C’est pour ça que Facebook ça a juste un intérêt… c’est vraiment personnel. »
Dans cet article, (que je me suis forcé à lire), il est question du “like politique”, il est dit la chose suivante : “Les algorithmes constituent la pierre angulaire entre les traces numériques de réception et l’espace public numérique. L’interrogation des « likes » a permis de mettre au jour l’existence d’un « like » politique. Déposé sur les vidéos politiques et inférieur en nombre à ceux appliqués aux vidéos culturelles, le « like » politique ne semble pas relever d’un acte spontané et versatile mais constitue l’aboutissement d’une réflexion mesurée, comme l’explique Icare (24 ans, étudiant en sciences de l’environnement, membre d’aucune association) : « En politique ça fait pas longtemps que je m’y intéresse. Enfin, ça a beaucoup plus de poids et d’importance, enfin… Mettre un commentaire ou un “like” sur une vidéo politique ça a beaucoup plus d’impact. Enfin, ça a beaucoup plus d’impact, c’est pas la fin du monde. Enfin voilà quoi, je me calme un peu et je fais plus attention. » L'enquête établit une véritable économie du « like » politique. Il est mûrement réfléchi, il a une portée, un « poids », de l’« importance ». Dans le cas présent, le « poids » n’est pas synonyme de visibilité, mais caractérise plutôt le statut particulier qu’a le « like » lorsqu’il est en interaction avec les contenus politiques. Les enquêtés semblent avoir intériorisé une hiérarchie de légitimité des différents objets et adopté en conséquence des pratiques spécifiques. En résumé, le « like » politique a une certaine solennité et engage son auteur, contrairement aux « likes » destinés à des contenus culturels.”

J’ai fait une petite recherche et j’ai trouvé un article sur les groupes, la formation des groupes et le choix des amis sur Facebook.
“Cet article se base sur des études menées depuis 2007 sur l’appropriation du réseau social. Plus de 1 000 jeunes ont été interrogés grâce à des questionnaires “Sphinx on line”, puis les résultats ont été complétés par des entretiens individuels et de groupe. De nombreux exemples de phénomènes de « rejets » et de « frontières » inter-catégoriels laissent supposer que le cloisonnement entre les « styles » est amplifié sur FB.”
Cet article montre également que “d’autres éléments, d’influence significative, mais moindre, comme le nom, les opinions, les centres d’intérêts, les occupations, les études, le lieu géographique… C’est ainsi qu’il a été possible de définir des niveaux de facteurs influençant le processus de cooptation. [...] Pour simplifier l’analyse, qui ne se veut pas exhaustive et qui se limite à une catégorie restrictive de population, [ils ont] centré [leur] réflexion sur les 2 premiers niveaux de facteur : Le fait d’être connu ou pas (critère de niveau 1) et La photo et le nombre d’amis en commun (critères de niveau 2). [...]
“Il apparaît, selon les différentes enquêtes réalisées, que ces 3 critères et leur interdépendance (la relation qu’ils ont entre eux) expliqueraient à eux seuls plus de 85 % du processus de recrutement en moyenne, mais avec une variance importante. Ceci est notamment manifeste dans le fait que si l’on propose deux profils identiques avec, dans une condition seulement ces 3 critères, et dans la deuxième condition des informations supplémentaires (de type facteur 3), il n’y a pas de grosses variation dans le taux d’ajouts. Pourtant, selon des observations partielles, il est probable qu’une fois la personne « ajoutée », les critères de niveau 3 deviennent plus importants et déterminent la pérennité de l’ajout. En effet quelqu’un qui n’est pas ou peu connu au préalable et qui n’aurait présenté sur son profil public que sa photo et son nombre d’amis, pourrait être dans un premier temps ajouté, mais il est vraisemblable qu’ultérieurement, il puisse être rejeté du fait de ne pas livrer suffisamment d’informations pertinentes, ou « socialement désirables », pour valider son appartenance au groupe.”
(https://www.cairn.info/revue-les-cahiers-du-numerique-2013-3-page-111.htm)

Oui, c’est exactement ce que dit Dominique Cardon, et ce, depuis 2016, dans la vidéo : “internet : outil de contrôle ou d’émancipation citoyenne ?”.
https://www.youtube.com/watch?v=-KsT95VLaa8

Il ne faut pas oublier que FACEBOOK est à la base un lieu d’expression démocratique. Certains thèmes restent peu explorés, on a pas encore réellement analysés, comme les prises de paroles à caractère politique spontanées. En effet, la majorité des contenus politiques publiés sur Facebook ou les réseaux sociaux en général sont peu mises en forme et proviennent d’utilisateurs qui ne sont pas “experts” en politique. Le web est souvent perçu comme un espace public électronique, Facebook y compris: même si l’on a besoin d’être inscrit pour participer, tout le monde a accès au contenu posté, donc les utilisateurs ont tendance à y exprimer leurs idées comme ils le feraient dans la rue, sans s’appuyer sur de grandes études. (Munson, Resnick, 2011 ; Wright, 2012)

Les utilisateurs intéressés par la politique, qui ne sont pourtant pas militants ni professionnels de l’information, eux, participent différemment aux débats politiques en ligne, et toutes ces particularités qui leurs attraient restent tout autant, si ce n’est même plus, inexplorées et non étudiées. Pourtant, la création de pages de “fans” entre autres permet la pluralité des espaces de participation politique sur le réseau social, autour des personnalités et actualités politiques. Facebook crée donc l’émergence d’une “nouvelle grammaire de la conversation politique” comme le dit le sociologue Dominique Cardon, justement parce que les participants au débat sont nombreux mais peu soumis à la contrainte ou à la censure.
(https://www.cairn.info/revue-participations-2015-2-page-109.htm)
En revanche, les travaux portant sur le rapport au politique au prisme du genre tendent à montrer que les femmes partageraient plus souvent un rapport empathique au politique ancré dans leur quotidien et leur subjectivité. À l’inverse, les hommes s’engageraient majoritairement dans des modalités d’expression de leurs opinions plus distanciées (Mossuz-Lavau, De Kervasdoué, 1997) Pourtant, les femmes sont bien plus nombreuses et actives que les hommes sur Facebook: en 2013, 66% des femmes contre 60% des hommes détenaient un compte sur Facebook (Cardon, 2010), justement car la plateforme met en avant des outils de présentation de soi et axe tous ses outils sur la subjectivité de l’utilisateurs.

Dominique Cardon a ainsi montré, à propos de ces espaces semi-privés, semi-publics : « Dans l’espace public traditionnel, celui de la presse, du livre, de la radio et de la télévision, la contrainte de distanciation est si forte qu’elle s’est aussi révélée être un instrument d’exclusion à l’égard de nombreuses formes de prise de parole plus subjectives, plus intéressées, plus irresponsables, plus drolatiques ou plus violentes. L’élargissement de l’accès à l’espace public sur Internet s’est en quelque sorte “payé” d’un abaissement des contraintes de distanciation qui ont fondé les formes du discours public (politique, journalistique, intellectuel) en le plaçant dans l’horizon régulateur de la raison, de l’autocontrôle, de l’argumentation et du détachement vis-à-vis des intérêts particuliers. Sans rompre avec ces idéaux régulateurs (au contraire, ils se trouvent parfois renforcés et rehaussés par certaines formes de débat sur Internet), le réseau des réseaux a aussi accueilli, rendu visible et encouragé l’expression tous azimuts des subjectivités. […] Internet nous a appris que, pour élargir le cercle de l’expression publique, il était nécessaire de tolérer des énonciations à la première personne, des points de vue assurés et des voix frêles, des coups de gueule, des affirmations péremptoires, des propos hasardeux, poétiques, loufoques, drôles et vibrants ». (2010, p. 50) (https://www.cairn.info/revue-participations-2015-2-page-109.htm)
L’observation des fils de discussion sur les pages Facebook des médias démontre une ouverture de l’expression publique favorisant, en particulier, la participation des femmes. En effet, sur ce réseau social, la dimension informelle des fils de discussion, sur le modèle des échanges privés, autorise des énoncés fondés sur l’émotion et la subjectivité peu légitimes au sein des arènes publiques politiques et médiatiques. L’immersion dans les fils démontre un recours nettement plus fréquent des femmes, par rapport aux hommes, à des discours incarnés et aux manifestations d’empathie. La palette argumentative traditionnellement attribuée aux femmes pour se saisir des questions politiques est mobilisée et autorisée au sein des conversations et des débats sur l’actualité.
Néanmoins, notre enquête démontre également que le dispositif ne détermine pas les usages sociopolitiques du réseau social et que le genre ne prescrit pas à lui seul les formats de participation des individus. En effet, les registres et les modes d’intervention des femmes ne se réduisent pas à des formats d’énonciation et d’échanges ancrés dans la subjectivité et la précaution dans le domaine public. Cette conception essentialiste est contrée par l’observation en ligne. S’il demeure, comme nous l’avons démontré, des différences de genre significatives, il nous paraît plus intéressant d’insister sur le fait que, contrairement aux stéréotypes, les femmes ont majoritairement recours à des régimes de prise de parole (argumentation distanciée, opinion brute, indignation) et à des modalités d’interaction (polémiques, interactions conflictuelles) qui, d’une part, rompent avec les stéréotypes du retrait féminin et qui, d’autre part, sont communs aux femmes et aux hommes. De plus, quoique minoritaires, les énoncés des hommes peuvent également être empreints d’émotion et de subjectivité. Le dispositif conversationnel de Facebook encouragerait donc un certain gommage du clivage genré des prises de parole et ne conduit pas à la constitution de deux groupes participatifs fortement distincts et aux frontières étanches

Wow, c'est super intéréssant, merci! Maintenant, je serais plus vigilante par rapport à ce que je vois sur mon fil Facebook!

Et ce n'est pas tout! Dans son livre The Age of Surveillance Capitalism, "L'age du capitalisme de surveillance", l'académicienne à Harvard Shoshana Zuboff montre que l'innovation principale d'entreprises comme Facebook et Google a été de changer les données personnelles en une marchandise sans que leurs utilisateurs ne l'aient vraiment compris. En effet, quand on donne nos données personnelles à ces GAFA, on ne se rend pas compte à quel point ils exploitent ces données, parce que leur fonctionnement est opaque de par sa conception. Et sa conclusion, c'est que le but d'entreprises comme Google et Facebook est de récolter de plus en plus d'infos sur votre vie afin de pouvoir, à long terme, construire un profil "prédictif" de votre personne afin de la "guider" dans la manière la plus profitable, non pas pour vous, mais pour Google et Facebook.